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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 21:48
Burqa
La burqa choque les Français dans leur culture, pour plusieurs raisons.
  • D'abord, la condition de la femme. Être obligée de se cacher ainsi quand les hommes peuvent s'habiller normalement, c'est très dégradant. Le problème, c'est que beaucoup de femmes qui portent la burqa en France le font volontairement. Et comment savoir si elles sont volontaires ou non ?
  • La sécurité. La burqa est un moyen aisé de se cacher pour commettre des méfaits sans pouvoir être reconnu. Un faits divers l'a déjà montré (voir La poste braquée en burqa)
  • Dans notre culture, et dans la plupart des cultures du monde, on appréhende l'autre au travers de son visage. Un visage dissimulé donne une impression de fantôme, d'un être dérangeant avec qui toute communication normale, même non-verbale, est impossible.
Alors faut-il une loi, et laquelle ?
J'ai trouvé peu d'arguments pour ne pas interdire la burqa.Parmi ceux-ci :
  •   Elle serait très difficilement appliquable. Ce sont les policiers qui le disent. Comment contenir la délinquance et s'attaquer en même temps aux burqas ? Comment interpeller les femmes en burqa, pratiquement toutes situées dans des zones où les policiers ont vite fait de se faire caillasser si ce n'est plus ? Les femmes qui refuseront d'enlever la burqa devront être verbalisées au poste, ce qui suppose d'effectuer une fouille au préalable. A-t-on une femme policier dans chaque patrouille pour le faire ?
  • Une loi interdisant la burqa risquerait de jeter l'opprobre sur toute la communauté musulmane, voire même de donner une image islamophobe de la société française. Ce risque me paraît très faible, l'immense majorité des musulmans comprenant très bien l'utilité d'une telle loi.
J'ai plus d'arguments pour interdire la burqa :
  • Les trois raisons exposées au début pour lesquelles la burqa heurte la culture française.
  • Rien que le fait qu'il y ait une loi pour interdire la burqa devrait dissuader des femmes de la porter (pas toutes), même s'il n'y aura jamais assez de policiers pour faire appliquer l'interdiction partout.
  • Le fait que la burqa ne soit pas une prescription religieuse. Pour le voile, ça peut se discuter mais l'interprétation majoritaire du Coran veut que les femes soient voilées. Nulle part le Coran interdit aux femmes de montrer leur visage.
  • Le fait que beaucoup de pays musulmans aient interdit les voiles intégraux. Même dans la prestigieuse université Al-Azhar,la plus grande autorité de l'islam sunnite, les femmes ne peuvent pas dissimuler leur visage.
  • Le fait que la plupart des femmes qui portent la burqa en France soient des converties, des femmes qui veulent absolument aller jusqu'au bout de leur foi, ou ce qu'elles pensent en être l'aboutissement. Comme le dit Fawzia Zouari, essayiste tunisienne auteur de "Ce voile qui déchire la France", « Elles viennent en général de milieux chrétiens, et en gardent les réflexes : Il leur faut aller jusqu'au bout du chemin du Christ pour faire mieux que les autres. Or elles se trompent : L'islam n'est pas une religion de mortification, mais de vie. »
Alors, comme les députés, je suis contre la burqa. J'ai enfin compris l'utilité pour l'assemblée nationale de voter des résolutions, affirmations qui n'ont aucun effet législatif. Dans le cas qui nous occupent, ils sont tous d'accord pour condamner la burqa mais ils se déchirent sur la réaction à apporter.
La commission parlementaire chargée du sujet a proposé d'interdire la burqa dans les services publics (transports en commun, par exemple). Ca me semble un bon compromis, parce que l'interdiction totale, dans tout l'espace public serait vraiment inapplicable, et pas forcément nécessaire.

Dans tout cet article, j'ai appelé burqua tous les voiles qui couvrent le visage des femmes, qu'ils cachent aussi les yeux ou pas. Ca peut être la burqa afghane, le niqab saoudien, le haïk qui a pratiquement disparu du Maghreb ou le tchador iranien.
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commentaires

P
<br /> Vous avez évidemment raison, ainsi en Arabie Saoudite par exemple (pays que je connais bien) les femmes ne peuvent pas porter de bikini ou de jupes. Vous constaterez que la notion de pudeur est<br /> relative à la civilisation... Aussi la différence entre porter une burqa et être torse nu, c'est qu'être torse nu est un trouble  à l'ordre social (ou provocations sexuelles).<br /> Voilà pourquoi on a jamais interdit à une soeur se s'habiller de manière... pour le moins non provocante !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Bonjour Patrick<br /> <br /> Sur le forum d'une association (qui n'a aucun rapport avec la politique et la burqa), depuis que j'ai publié le texte de Sabine Aussenac<br /> <br /> J'ai fait un rêve, Burqa ou pas Burqa ...<br /> ,paru le 8 février dernier,  il y a un long et virulent débat . <br /> <br /> Personnellement je fait une différence avec le voile que je tolère et avec l'espace privé , même si dans l'absolu, je trouve que les femmes ne devraient pas porter que tous les voiles sont<br /> réducteurs pour la condition féminine dans le monde.<br /> <br /> Bien à vous<br /> Crikette <br /> <br /> <br />
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P
<br /> Mon vision de la question est certes partiale, mais vous conviendrez que l'on ne vous impose pas de porter une tenue spécifique selon la rue dans laquelle vous êtes. J'en conclue donc que la rue<br /> est un espace ouvert à tous le monde (public)  mais ou l'état n'a pas à intervenir  quant aux choix des passants (privés). En conséquence de quoi, notre désaccord ne porte plus que sur<br /> l'acception des mots privé/public...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Sur le fond, je comprends très bien qu'on autorise la burqa dans la rue.<br /> <br /> Mais la rue n'est pas un espace où on est libre de porter la tenue qu'on veut. On n'a pas le droit d'être nu. Et même torse nu, il me semble que c'est interdit.<br /> <br /> <br />
P
<br /> Afin d'éclaircir le débat, il faut d'abord se livrer à un petit travail intellectuel.<br /> Il est bon en effet de rappeler les concepts tant invoqués par les médias.  Commençons par faire une distinction subtile, certes, mais essentielle : distinguons la sphère privée d'avec<br /> la sphère publique.<br /> Et appliquons-y un ingrédient : la laicité. On obtient :<br /> <br /> 1/ La  sphère privée  est strictement limitée à la circonférence de l'individu. Je m'explique : dans une démocratie libérale (au sens politique) -  comme la<br /> nôtre -  l'état N'A PAS À INTERVENIR dans les choix des individus. L'état n'a pas à imposer une opinion aussi majoritaire soit-elle... aux citoyens qui le composent. Ce serait justement<br /> renier notre héritage des lumières et les droits de l'homme.<br /> <br /> 2/ La sphère publique est un espace qui doit rester neutre car propriété de tous les citoyens. A cet égart, le service public s'adresse à TOUS les citoyens et de manière<br /> IDENTIQUE. En vertu de ce principe, aucun signe distinctif ne peut être tolérer.<br /> Fort de ces considérations, on devrait déterminer la place de la Burqa dans la société<br /> sans trop de difficultés.<br /> Sauf que...  comme souvent les médias ne simplifient pas le tâche pour le plus grand bonheur du gouvernement !<br /> En effet, les multiples reportages, les interviews, les prises de position à tout va, bref l'ultra-médiatisation a contribué à brouiller les cartes.<br /> <br /> Primo, ce débat était-il nécessaire ? Rappelons que seulement 2000 personnes en France portent la Burqa... Tant de tapage médiatique pour, comme toujours, acoucher d'une loi qui ne<br /> concernerait que 2000 femmes sur 65 millions de français...<br /> <br /> Secundo, le refus absolu de voir une femme voilée, si spécifique à notre culture occidentale, a contaminé constamment le débat...  Le feminisme convoqué en sus était en fait un masque<br /> de notre ethnocentrisme. Puis, inévitablement, la bien-pensance s'est emparée du débat.  Pleine de bon sentiments à l'égard de tout le monde, la pensée ne pouvait plus évoluer<br /> sans une courbette...ce fut la culbute.<br /> Or, à mon sens, le débat sur la Burqua est passé à côté de l'essentiel...<br /> - a ) La position qui vise à interdire radicalement la burqa, à l'éradiquer de la toutes les sphères, est intolérable en vertu des éléments susmentionnés. L'état en effet ne peut pas<br /> intervenir dans la sphère privée (cf.1).<br /> <br /> - b) La position - très minoritaire - qui ne veut aucune interdiction, pronant la liberté absolue dans le choix des vêtements n'est pas, en regard de ce qui a été dit,  cohérente avec<br /> une démocratie libérale. La France n'est pas l'Arabie saoudite... Tenir cette position, c'est être partisan d'un état totalitaire !<br /> <br /> -d) Interdire la Burqa dans la sphère publique, l'autoriser dans la sphère privée. Telle serait la position démocratique respectueuse des droits de l'homme.<br /> Deux questionx demeurent : <br />  1 / comment délimiter sphère publique et sphère privée ?<br /> Réponse : se reporter aux paragraphes ci-dessus.        <br /> 2/ La rue appartient-elle à la sphère privée ou à la sphère publique ?<br /> Réponse : à la sphère privée tant que l'ordre social n'est pas remis en cause. On ne vous impose pas en effet un habille particuler - ce serait une dictature ! -, on vous demande<br /> cependant de respecter certaines règles afin de ne pas attenter à la libérté des autres.<br /> <br /> Ainsi, la Burqa n'est pas une atteinte à autrui, les arguments concernant les yeux développés par  Devedjian sont à ce titre inadmissibles. Une femme qui porte la Burqa peut circuler  -<br /> en droit - dans la rue. Elle ne peut cependant pas exercer un métier relatif à la fonction publique. Je crois que c'est suffisant pour cette question qui à décidément bien trop préoccupé nos<br /> citoyens, les détournant des vraies réformes autrement plus difficiles à mettre en forme.<br /> PS : n'oubliez pas de venir visiter mon site !<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Voila pourquoi je me méfie des idéologies et des grandes démonstrations en politique : Après une très longue démonstration vous arrevez à conclure que la rue relève du domaine privé. Or la rue est<br /> l'espace public par excellence !<br /> Tout ça parce que vous avez tout fondé sur cette distinction privé-public, en définissant que la burqa est autorisée dans la sphère privée. Comme vous êtes contre l'interdiction de la burqa dans la<br /> rue, vous en concluez que c'est un espace privé.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Le droit à la différence est un droit naturel. C’est absurde de reconnaître à la Femme le droit faire et de défaire et de lui imposer en même temps la manière de s’habiller. Je crois en la<br /> démocratie, au système de gouvernance républicain : mais, là, je ne les trouve pas en France. J’ai dit dans un Forum politique : « Etre libre, c’est être Français ». Mais je constate amèrement que<br /> je me suis trompé. Je ne vois pas comment une femme qui recouvre une partie de son visage ou même son visage en entier, pourrait choquer un être humain saint de corps et d’esprit. La république et<br /> le peuple sont devenus des Muftis pour employer un euphémisme et vont jusqu’à puiser dans les anciens livres de jurisprudences musulmanes et imposent un modèle de hidjab aux Françaises voilées. Une<br /> action législative de ce type, analogue à celle du hidjab à l’école, n’a pour objectif que la provocation. Elle ridiculiserait encore plus le peuple français. Si des femmes pakistanaises,<br /> indiennes.. émigrent en France, c’est surtout à la recherche du Mythe : Liberté, que la France inspire. Demandez-vous pourquoi elles le gardent toujours. Veuillez me pardonner.<br /> <br /> <br />
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